Sheikh Mohammad Ali Ferkous
Question :Est-il permis de regrouper la prière du vendredi avec ‘Asr ? Qu’Allâh vous récompense de la meilleure façon.
Réponse :Louange est à Allâh, le Souverain des mondes, que les éloges d’Allâh et son salut soient pour celui qu’Il a envoyé comme miséricorde pour les mondes, sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au jour de la rétribution. Cela dit :
La règle de base est qu’il est obligatoire d’accomplir la salat dans le temps qui lui a été délimité par la religion, car Allâh عزّ وجلّ a dit :
﴿إِنَّ الصَّلاَةَ كَانَتْ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ كِتَابًا مَوْقُوتًا﴾ [النّساء: 103 [
Sens du verset :
﴾Certes, la salat est pour les croyants une prescription qui a des temps précis﴿ [s. An-Nişâ’ (les Femmes) : v. 103]
Et lorsqu’on demanda au prophète صلّى اللهُ عليه وآلِه وسلّم quelle est la meilleure œuvre et celle qu’Allâh préfère, il صلّى اللهُ عليه وآلِه وسلّم dit : « la salat [la prière] dans son temps. »(1) Aussi, « les musulmans sont unanimes quant au fait que les cinq salats ont des temps connus et délimités »(2). Il existe toutefois dans la tradition prophétique des hadiths authentiques permettant aux gens qui ont une excuse de regrouper entre les prières du Dhouhr et du ‘Asr et entre celles du Maghrib et de la ‘Icha. Ceci a pour but d’écarter la gêne, que ce soit en voyage ou chez soi. Aucune preuve religieuse n’existe qui permettrait de joindre la prière du ‘Asr à celle du vendredi ou le contraire, ni en voyage, ni chez soi. C’est pourquoi la plupart des savants l’ont interdit, affirmant que celui, parmi les gens bénéficiant d’une excuse, qui accomplit la prière du vendredi, doit impérativement accomplir la prière du ‘Asr dans son temps, contrairement à ceux qui l’ont permis, comme c’est l’avis de quelques Salaf (Pieux Prédécesseurs). L’opinion de la majorité est plus vraie et plus forte dans le cas où le voyageur qui chemine sur terre entre en prière avec l’imam d’une ville dont laquelle il passe, dans la prière du vendredi, alors qu’il avait l’intention d’accomplir la prière du Dhouhr raccourcie, il lui est permis, contrairement aux autres, d’y joindre la prière du ‘Asr, pour reprendre son voyage. Ceci est valable parce que d’une part, la prière du vendredi ne lui est pas obligatoire et parce que d’autre part, ceci revient à regrouper les prières du Dhouhr et du ‘Asr.
À l’exception de celui qui a accompli la prière du vendredi, il ne peut absolument y joindre la prière du ‘Asr, ni en les avançant ni en les retardant, car aucune permission dans la Sounnah permet de faire cela. Or, on sait bien que la règle de base dans les pratiques cultuelles est de s’arrêter aux Textes. Les seuls actes cultuels qui sont légiférés sont ceux dont l’instauration est confirmée dans la législation.
Aussi, la prière du vendredi n’est pas le substitut de la prière du Dhouhr et on ne peut donc pas dire qu’on lui applique les mêmes règles que la prière qu’elle remplace. Et assimiler la prière du vendredi à celle du Dhouhr est une analogie prononcée avec une différence apparente [i-e, il existe une différance entre l’élément assimilé et celui auquel on assimile, NDT]. En effet, la prière du vendredi est une prière indépendante et à part entière, qui a ses propres caractéristiques qui la distinguent de la prière du Dhouhr de nombreux points de vue et qui la distinguent même des autres prières. Ceci est vrai autant dans ses conditions que dans ses piliers, ses postures, ses récompenses, son jour et ce qui est recommandé de faire avant ou après elle. C’est pourquoi on ne peut regrouper la prière du vendredi, ni avec une prière qui la précède comme celle du Fadjr, ni avec une qui lui succède comme celle du ‘Asr.
Et le savoir est auprès d’Allâh, nous disons pour finir : la louange est à Allâh, le souverain des mondes, qu’Allâh honore et salue Mouhammad, sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au jour de la rétribution.
Alger, le 14 de Safar 1432 H,
correspondant au 18 janvier 2011 G.
Source : Ferkous.com
(1) Rapporté par : Al-Boukhâri (527) et Mouslim (85), d’après ‘Abd Allâh ibn Mas‘oûd رضي الله عنه.
(2) Al-Moughnî d’Ibn Qoudâma (1/370).