Sheikh Ferkous
Question : Comment doit-on accomplir la prière et quel est le jugement porté sur elle lors du voyage et de la résidence… (C’est-à-dire celui qui séjourne lors du voyage)? Et qu’Allah vous bénisse.
Réponse : Louange à Allah, Maître des Mondes; et paix et salut sur celui qu’Allah a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection. Ceci dit :
Le raccourcissement de la prière est permis à celui qui n’a pas l’intention de résider d’une façon permanente dans le pays où il voyage et ne sait pas quand est-ce qu’il reviendra de son voyage ; même si son séjour dure longtemps, de façon qu’il dépasse la durée [qui est limitée par certains ulémas] pour le raccourcissement de la prière, c’est-à-dire même si son séjour dure plusieurs années.
Celle-ci est la plus soutenue des opinions des ulémas. Elle est celle qu’a agréée Ishâq Ibn Râhawayh, de même qu’elle est attribuée à Ibn `Omar, à Anas رضي الله عنهم et à bien d’autres(1). Vu que la résidence, qu’elle soit d’une longue ou courte durée, ne se détache pas du jugement concernant le voyage, si bien sûr, le voyageur ne fait de son lieu de voyage une résidence fixe.
Ceci est le choix d’Ibn El-Qayyim رحمه الله. Ibn El-Moundhir a dit : “Les ulémas sont unanimes à ce que le voyageur raccourcisse sa prière, s’il n’a pas l’intention de fixer sa résidence, même si son voyage dure des années”.
Cela vu que le Coran et la Sounna du Prophète صلّى الله عليه وآلِه وسلّم mentionnent ou bien le résidant ou bien le voyageur. Allah عزّ وجلّ dit :
﴿يَوْمَ ظَعْنِكُمْ وَيَوْمَ إِقَامَتِكُمْ﴾ [النحل: 80].
Le sens du verset :
﴾le jour où vous vous déplacez et le jour où vous campez﴿ [En-Nahl (Les Abeilles) : 80].
En outre, le résidant est celui qui fait de son lieu de voyage une résidence fixe en ayant son propre domicile où il a l’intention de demeurer paisiblement ; en effet, il n’est pas permis à celui-ci de raccourcir la prière.
Quant au résidant qui ne fait pas de son lieu de voyage une résidence fixe en séjournant en un lieu où il n’a pas l’intention de demeurer et où il ne se sent pas stable ; celui-ci est considéré comme un voyageur qui raccourcit sa prière même s’il réside plusieurs mois en ce lieu.
Car le Prophète صلّى الله عليه وآلِه وسلّم n’a pas précisé une durée limitée pour la résidence (ni trois jours, ni quatre jours, ni douze jours, ni quinze jours).
Du reste, on a rapporté des textes de nos Pieux Prédécesseurs qui consolident cette opinion. Parmi ces textes : les musulmans ont demeuré six mois à Nahavand et raccourcissaient la prière (durant toute cette période), sachant que leur affaire ne pouvait être terminée dans quatre jours ou même plus(2).
Aussi, Ibn `Omar رضي الله عنهما a demeuré six mois en Azerbaïdjan, où ils étaient bloqués par la neige, et durant cette période il priait juste deux Rak`a (deux unités de prière)(3) ; alors qu’il est connu que la fonte de la neige ne se fait pas en quatre jours seulement.
D’autre part, il est rapporté qu’Abou El-Minhâl El-`Anzi a dit : j’ai dit à Ibn Abbâs رضي الله عنهما: « Je demeure à Médine toute une année sans que je sois en déplacement constant ?», Ibn Abbâs رضي الله عنهما a répondu : « Prie deux Rak`a seulement »(4).
Il est rapporté également que Masroûq demeura deux ans à Es-Silsila, et durant toute cette période, il raccourcissait sa prière, et (par cet acte) il cherchait à faire la Sounna(5). Et bien d’autres textes qui confirment cet avis qui est soutenu par toutes les preuves.
Le savoir parfait appartient à Allah سبحانه وتعالى, et notre dernière invocation est qu’Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.
Alger, le 22 Rabî` El-‘Awwel 1419 H,
correspondant au 7 juillet 1999 G
Source : Tiré du site de Sheikh Ferkous
(1) Voir : « El-Medjmoû` » d’En-Nawawi (4/365).
(2) Voir : « Medjmoû` El-Fatâwa » d’Ibn Taïmia (24/18).
(3) Rapporté par El-Beyhaqi (3/152). Ahmed a rapporté un hadith semblable à celui-ci, mais plus long et dont la chaîne de transmission est jugée Hassane (bonne) (2/83-154). Voir : « El-Irwâ’ » (577).
(4) Rapporté par `Abd Er-Rezzâq dans son « Moussannaf » (2/209).
(5) Rapporté par `Abd Er-Rezzâq dans son « Moussannaf » (2/210) et par Ibn Abi Cheyba dans son « Moussannaf » (2/353).