Sheikh Mohammad Ali Ferkous
Question : Ma sœur est malade et alitée à l’hôpital. Elle a besoin d’un rein et m’a demandé de lui donner l’un des miens. Est-ce qu’il est donc permis par la charia de faire don de rein ?
Réponse : Louange à Allah, Maître des Mondes; et paix et salut sur celui qu’Allah a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection. Ceci dit :
En principe, les organes de l’humain ne lui appartiennent pas ; ils sont par contre la propriété d’Allah جلّ جلاله, et on a besoin d’une permission par la charia (pour en disposer). Néanmoins, il n’a pas été rapporté dans les textes de la charia ce qui démontre que cet acte est permis. En revanche, il y a parmi les versets coraniques ce qui ordonne à l’homme de préserver son corps d’une façon absolue, ainsi que celui d’autrui.
Allah جلّ جلاله dit :
﴿وَلاَ تَقْتُلُوا أَنْفُسَكُمْ إِنَّ اللهَ كَانَ بِكُمْ رَحِيمًا﴾ [النساء: 29].
Traduction du sens du verset :
﴾Et ne vous tuez pas vous-même. Allah, en vérité est Miséricordieux envers vous﴿ [En-Nissâ’ (Les Femmes) :29].
Le verset indique l’interdiction de tuer l’âme. Aussi, le fait d’amputer un organe sans que ce soit utile pour le corps est considéré comme une mortification de cet organe.
Allah جلّ جلاله dit aussi :
﴿وَلَا تُلْقُواْ بِأَيْدِيكُمْ إِلَى التَّهْلُكَةِ﴾ [البقرة: 195].
Traduction du sens du verset :
﴾Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction﴿ [El-Baqara (La Vache) :195].
Ce verset indique l’interdiction de se jeter où le danger est probable, et signale aussi l’obligation de préserver le dépôt qu’on confie à la personne, Allah جلّ جلاله dit :
﴿إِنَّا عَرَضْنَا الْأَمَانَةَ عَلَى السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ وَالْجِبَالِ فَأَبَيْنَ أَن يَحْمِلْنَهَا وَأَشْفَقْنَ مِنْهَا وَحَمَلَهَا الْإِنسَانُ إِنَّهُ كَانَ ظَلُوماً جَهُولاً﴾ [الأحزاب: 72].
Traduction du sens du verset :
﴾Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste (envers lui-même) et très ignorant﴿ [El-Ahzâb (Les Coalisés) :72].
Pour ce, il n’est pas permis que la personne porte atteinte à soi-même ou à l’un de ses organes sauf par un droit reconnu par la charia; comme dans le cas où elle commettrait un délit qui impliquerait l’application du talion par la mort, ou l’exécution d’une sentence par l’amputation ou le blessement. Le gouvernant, alors, lui fera subir le jugement qu’elle aura mérité. Du reste, Allah جلّ جلاله a honoré les fils d’Adam ; ce qui implique la préservation de leurs corps, telle que la charia l’a ordonné.
Par ailleurs, les opinions des savants contemporains diffèrent concernant la transplantation d’une partie stable du corps humain sur un autre corps en cas de nécessité. À mon avis, l’opinion la plus correcte est celle qui est pour l’empêchement absolu de prendre les organes de l’humain pour les transplanter ; sauf dans le cas où les organes sont déjà stockés et préservés dans les hôpitaux et ont été pris avec l’agrément du possesseur en étant vivant ou après sa mort, suivant les fatwas qui autorisent ou celles qui sont bien détaillées. En l’occurrence, il est permis en cas de nécessité de transplanter le rein sur le corps du malade afin d’éviter sa mort ; car il est inutile de garder l’organe sans l’utiliser.
Le savoir parfait appartient à Allah سبحانه وتعالى, et notre dernière invocation est qu’Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.
La Mecque, le 23 Ramadâne 1427 H,
correspondant au 16 octobre 2006 G
Source : Ferkous.com