Règle fondamentale : La certitude ne peut être dissipée par le doute

Sheikh ‘Abderrahman As Sa’di

♦ Sheikh ‘Abderrahman as Sa’di رحمه الله a dit dans un vers de sa Mandhouma al qawa’id al fiqhiya :

Les jugements se basent sur la certitude. *** Le doute ne saurait dissiper la certitude.

♦ Commentaire du Sheikh ‘Abdoullah Al Bassam رحمه الله :

Parmi les preuves illustrant cette règle, la parole d’Allah :

“Certes la conjecture ne vaut rien face à la vérité” [sourate Younous, v.36 ]

Également ce qui est rapporté dans les deux sahih, qu’un homme se plaignit de ressentir des doutes au sujet de son état de purification dans sa prière alors le Messager d’Allah صلى الله عليه و سلم déclara à son propos :

“Il ne quitte la prière que s’il entend un bruit ou sent une odeur (ndt : c’est à dire qu’il s’assure bien d’avoir eu un vent)“.
[Al Boukhari, n°137, Mouslim n°361]

De même que le hadith rapporté par Mouslim :

“Lorsque l’un d’entre vous doute dans sa prière au point de ne plus savoir s’il a prié 3 ou 4 unités de prière, alors qu’il repousse le doute et se base sur ce dont il est certain.”
n° 1300.

Quant à la preuve par raisonnement, alors de fait, la certitude est plus forte que le doute, on ne dissipe donc pas la certitude par celui-ci.

⇒ Le sens de la règle d’un point de vue linguistique :

La certitude c’est ce qui rend le cœur serein et apaisé concernant la réalité d’une chose. Le doute lui est l’expression absolue de l’hésitation.
Dans la terminologie des savants des fondements le doute implique d’établir une hésitation entre deux choses sans parvenir à faire prévaloir l’une des deux sur l’autre.

⇒ Les différents degrés de conception :

– la certitude : c’est la résolution du cœur en s’appuyant sur une preuve.
– la conjecture/présomption : c’est le fait de rendre probable une chose par rapport à une autre dans un cas où la probabilité de l’une est plus forte que l’autre.
– le doute : c’est le fait de rendre probable ou possible deux choses à la fois sans que l’une des deux n’ait une plus forte probabilité que l’autre.
– la confusion : c’est le fait de rendre probable ou possible deux choses à la fois alors que l’une des deux alors que l’une des deux a une probabilité plus forte.

⇒ Le sens de cette règle dans la terminologie jurisprudentielle :

La chose à propos de laquelle on est certain qu’elle soit établie ne peut être dissipée que par une preuve formelle, on ne peut juger de sa disparition par le seul fait du doute.
Il en va de même concernant la certitude de l’absence d’une chose, on ne peut juger de son établissement et sa présence par le simple doute, et ce car le doute est plus faible que la certitude.

⇒ L’importance de cette règle :

Cette règle entre en considération dans l’ensemble des chapitres de la jurisprudence.
Les savants ont dit : les questions de jurisprudence qui découlent de cette règle représentent les 3/4 de la jurisprudence voir plus.

[Tawdih al ahkaam v.1/p.29 ]

♦ Sheikh ‘Abderrahman as Sa’di dit :

Le sens de cette règle est que lorsque l’individu concrétise une chose puis doute, est ce que cette chose disparaît ou non ? La base est que cette chose en question perdure, la chose demeure donc telle qu’elle est.

Si par exemple un homme doute sur le fait d’avoir épousé une femme, alors il ne doit pas l’approcher et demeurer sur la base qu’elle lui est interdite. Il en va de même s’il doute au sujet d’avoir divorcé sa femme ou non, il ne doit dans ce cas pas considérer l’avoir fait et peut sans problème l’approcher et avoir des rapports avec en restant sur la base qu’elle est sa femme. Idem s’il doute d’avoir perdu ses ablutions alors qu’au préalable il est certain de les avoir effectué ou bien le contraire (c’est à dire qu’il doute sur le fait d’avoir fait ses ablutions alors qu’au préalable il est sur de les avoir perdu) ou bien qu’il doute au sujet du nombre d’unités de prière qu’il a prié ou d’autres choses semblables.

♦ Commentaire de Sheikh Muhammed ibn ‘Utheymin :

Le doute c’est le fait d’hésiter entre deux choses, ceci englobe le cas où l’on peut faire prévaloir l’une des deux sur l’autre, le cas où l’on ne peut pas et c’est le sens qui est voulu quand on parle de doute. Le doute ici est ce qui s’oppose à la certitude.

Les cas où l’on ne prend pas en considération le doute :

⇒ Lorsque le doute se produit après avoir réalisé l’acte :

Ceci est le premier cas pour lequel on ne prend pas en considération le doute. C’est à dire le doute se produisant après la réalisation de la chose à propos de laquelle on doute et après qu’elle soit terminée. Ceci n’a aucune incidence parce que la base est que ce qui s’est produit l’a été de façon sure et de manière correcte.

Pour cette raison, lorsque les sahabas ont exposé au Prophète صلى الله عليه وسلم le cas de celui qui se plaint d’être sujet au doute dans sa prière concernant sa purification, c’est à dire au moment même de pratiquer l’adoration sans pour autant la quitter, alors le Prophète صلى الله عليه وسلم a ordonné de ne pas y faire attention, parce que ce n’est qu’un doute, et que le doute ne dissipe pas la certitude. Si on laissait libre cours au doute après avoir agi, alors ce serait ouvrir la porte aux insufflations sataniques et cela n’en finirait pas.

⇒ Le second cas : être fréquemment sujet aux doutes.

Ceci est le second cas pour lequel on n’accorde pas d’importance au doute. Lorsque l’individu est continuellement en proie au doute, de sorte qu’il doute chaque fois qu’il accomplit un acte d’adoration. S’il fait ses ablutions il doute : les a t il accomplit ou non, s’il se nettoie les parties après ses besoins, il doute : s’est il nettoyé ou non, s’il prie il doute : a t il oublié quelque chose ou non. S’il jeûne, il doute : a t il rompu ou non.

Ici nous disons :

Débarrasse-toi de ces doutes, ne les prend pas en considération. Parce que le fait qu’il se dise qu’il n’a pas fait ses ablutions ou bien qu’il n’a pas prié ou autre, tout cela ne sont que des doutes, c’est une maladie en réalité, il ne doit pas y accorder la moindre attention.
Et nous savons que du moment que la personne dispose de sa raison et de son libre arbitre, alors il effectuera la chose de la façon dont on lui a demandé. Et s’il vient à prendre en considération tout ce au sujet de quoi il doute, il se fatiguera et se mettra a refaire systématiquement sa prière et ce après avoir prié correctement, chaque fois qu’il aura fait ses ablutions, il les recommencera et tout ceci relève de la gêne alors qu’Allah تعالى a dit :

“Et il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion” [sourate Al Hajj, v.78]

Qu’il se débarrasse donc de ce doute.

[Sharh mandhouma oussoul al fiqhi wa qawa’idouhou, p.177 ]

Sharh mandhouma l qawa’id al fiqhiya / Avec les commentaires en annotation de Sheikh ‘Abdoullah Al Bassam et Sheikh Mohammed ibn ‘Utheymin / p. 86 à 89.
traduit par SalafIslam.fr

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