Sur le choix de l’abrégé (Matn) adéquat en fiqh pour un étudiant débutant

Sheikh Mohammad Ali Ferkous

Question :

Un étudiant en religion débutant vous demande quels sont les livres les plus importants dans la discipline du fiqh et quelle est la bonne méthodologie pour en profiter. Et lui conseillez-vous d’étudier le fiqh [la jurisprudence islamique] selon une école [juridique] (“Madh-hab”) ? Qu’Allâh vous récompense de la meilleure façon.

Réponse :

La louange est à Allâh, le Seigneur des Mondes ; que les prières d’Allâh et Son salut soient pour celui qu’Allâh a envoyé comme miséricorde pour les créatures, ainsi que pour sa famille, ses Compagnons et ses frères jusqu’au Jour de la Rétribution. Cela dit :

Sans parler des différentes branches du savoir que l’étudiant débutant doit s’efforcer d’apprendre, et sans parler de l’aspect éducatif et des comportements qu’il doit s’efforcer d’adopter, le livre le plus important que je pense devoir conseiller à l’étudiant, dans la discipline des branches du fiqh, est l’abrégé d’Ad-Dourar Al-Bahiyya Fi Al-Masâ’il Al-fiqhiyya. Son auteur est l’imam Mouhammad Ibn ‘Alî Ach-Chawkânî – qu’Allâh lui fasse miséricorde –, qui est mort en 1250 H.C’est un abrégé en fiqh résumé et bénéfique, de petite taille, mais d’un grand profit, qui regroupe les principales questions de fiqh que l’auteur a étayées par des preuves dans la plupart de ses autres livres de fiqh. L’étudiant peut tirer profit des commentaires de ce résumé de fiqh. Le premier qu’il faut citer a été écrit par l’auteur lui-même et s’intitule : Ad-Darârî Al-Moudî’a, Charh Ad-Dourar Al-Bahiyya. Vient, ensuite, le commentaire du fils de l’auteur, Ahmad ibn Mouhammad ibn ‘Alî Ach-Chawkânî – qu’Allâh lui fasse miséricorde –, qui est mort en 1281 H. Il l’a intitulé : As-Soumoût Adh-Dhahabiyya Al-Hâwiya Lid-Dourar Al-Bahiyya. Parmi les livres qui profiteront, également, à l’étudiant : le commentaire de Siddîq Haşane Khân Al-Qannoûdjî Al-Boukhârî – qu’Allâh lui fasse miséricorde –, qui est mort en 1307 H., un livre intitulé : Ar-Rawda An-Nadiyya Charh Ad-Dourar Al-Bahiyya. Le cheikh Mouhammad Nâsir Ad-Dîn Al-Albânî – qu’Allâh lui fasse miséricorde –, qui est mort en 1420 H., a écrit des annotations à ce livre, qui s’intitule : At-Ta‘Lîqât Ar-Radiyya ‘Ala Ar-Rawda An-Nadiyya.

L’étudiant débutant peut, aussi, profiter du livre Fiqh As-Sounnah avec les annotations du cheikh Nâsir Ad-Dîn Al-Albânî – qu’Allâh lui fasse miséricorde –, c’est-à-dire le livre : Tamâm Al-Minna Fi At-Ta‘lîq ‘Alâ fiqh As-Sounnah. En effet, ce livre contient beaucoup de sujets accompagnés de leurs arguments. Aussi, pour que l’esprit de l’étudiant ne se disperse pas, que sa motivation ne s’essouffle pas et qu’il ne régresse pas dans les études, je lui conseille d’étudier les sujets de fiqh avec quelqu’un d’honnête et de fiable, ayant un certain bagage dans le savoir, si toutefois cela est possible.

Puisque la discipline du fiqh demande à être mise en pratique instantanément après qu’on l’ait acquise, sans retard, il incombe, alors, à l’étudiant de s’attacher à suivre les preuves et à pratiquer ce qui a été révélé, sans se contenter des paroles dénuées de leurs preuves. Allâh a, en effet, nommé le fait de pratiquer ce qui a été révélé «Ittibâ‘» (c’est-à-dire : suivre ou le fait de suivre) et ce, dans de nombreux versets comme :

﴿وَهَذَا كِتَابٌ أَنْزَلْنَاهُ مُبَارَكٌ فَاتَّبِعُوهُ﴾ [الأنعام: 155].

﴾Et voici un livre que Nous avons fait descendre, qui est béni, suivez-le donc﴿ [s. Al-An‘âm (les Bestiaux) 6 : v. 155]

﴿اتَّبِعُوا مَا أُنْزِلَ إِلَيْكُمْ مِنْ رَبِّكُمْ وَلَا تَتَّبِعُوا مِنْ دُونِهِ أَوْلِيَاءَ﴾ [الأعراف: 3].

﴾Suivez ce qui vous a été descendu de la part de votre Seigneur et ne suivez pas, en dehors de Lui, des alliés ﴿[s. Al-A‘râf : v. 106]

﴿اتَّبِعْ مَا أُوحِيَ إِلَيْكَ مِنْ رَبِّكَ﴾ [الأنعام: 106].

﴾Suis ce qui t’a été révélé de la part de Ton Seigneur﴿ [s. Al-An‘âm (les Bestiaux) 6 : v. 106]

Le but de connaître la discipline du fiqh est, donc, de pratiquer l’adoration d’Allâh conformément à sa Législation, et ce but ne peut se réaliser par l’étude du fiqh selon une école, étude dénuée de preuves. Ceci est d’autant plus vrai pour les abrégés (en fiqh), car ils exigent trop d’efforts et de peine, et l’étudiant perd la majeure partie de son temps à résoudre les problèmes et à lever les équivoques de ces textes. Les savants ont prévenu contre les abrégés, à cause de leurs nuisances et des difficultés qu’ils entraînent. Parmi leurs nuisances, on note que l’étudiant, sous leur effet, ne cherche plus à connaître les arguments ; il se passe de la Révélation pour se contenter des paroles des hommes et expose ce qui est dans le Coran et la Sounna aux opinions de ceux qu’il suit. Cela mène à s’attacher fanatiquement à une école, à chercher à secourir l’imam de l’école, à se détourner de la Révélation et à mettre l’imam au milieu de ses adeptes, à la place de celle du Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم au milieu de sa communauté, et d’autres choses que l’on peut voir et constater chez ceux qui s’attachent à une école qu’il prenne comme chemin et comme voie à laquelle ils appellent, et pour laquelle ils s’allient et se désavouent. Ces conséquences néfastes affectent le groupe des musulmans, créent des troubles entre les adeptes des différentes écoles et les divisent. Ces troubles qui se produisent entre les écoles sont parmi les principales causes de la suprématie de leurs ennemis sur les musulmans, qui ont délaissé de s’attacher au groupe et de s’unir autour de la vérité.

Cela dit, si l’on est forcé de se tourner vers les textes et les abrégés de fiqh des écoles, il faut impérativement, avant de les étudier, les accompagner d’un commentaire. Ce dernier exposera les preuves de ces textes, mettra leurs bases en évidence, montrera les façons d’utiliser leurs arguments et les jugements qu’ils comportent. Le tout en citant les opinions des Salaf (Pieux Prédécesseurs), en choisissant et en distinguant l’avis qui est appuyé par les preuves, en employant l’équité pour peser entre les opinions, loin de la transgression et de l’injustice. Cela est plus à même de faire connaître les preuves à l’étudiant et de lui montrer clairement la voie à suivre. Cela l’aidera à évoluer graduellement dans cette discipline et avec une connaissance exhaustive des questions ; il comprendra, ainsi, les différents jugements [religieux] basés sur des preuves et connaîtra comment en profiter [des preuves].

Le savoir parfait appartient à Allâh, et notre dernière invocation est qu’Allâh, Seigneur des Mondes, soit Loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.

Alger, le 1er de Safar 1431 H,
correspondant au 16 janvier 2010 G.

Source : Ferkous.com

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